Ces dernières décennies ont vu la formation d’une panoplie de mots nouveaux dans la langue française. Si certains ont été tirés de mots étrangers, reformulés pour la plupart afin de sonner français, d’autres sont le fruit de l’acceptation progressive de mots argotiques français dans le langage dit courant. Le terme qui nous intéresse ici est beur qui fait référence à une catégorie sociale et raciale bien connue et déjà bien intégrée dans la société française, les arabes. Nous parlerons successivement des origines du mot beurette, de la culture qui s’y rapporte, des idées qui sont nés suite à la vulgarisation du terme avant de découvrir une brève liste des personnalités représentatives du groupe répondant au nom de beur.
Origine du mot beur et beurette
L’apparition du mot beur fait suite la grande vague d’immigration de population arabe sur le territoire français. Ainsi, le terme qui nous intéresse, verlan du mot arabe est apparût dans la langue française en 1980. S’étant tout d’abord inséré dans des discours diffusés à la radio, le mot s’est peu à peu propagé dans différents autres supports médiatiques. C’est en effet, sur les ondes de la radio associative Radio Beur que le terme a été popularisé avant de paraître dans le journal à l’année 1982. Il s’est en cette époque inséré dans un article paru dans Libération en 1983 dans le cadre de la marche pour l’égalité et contre le racisme.
Le dictionnaire défini le mot « beur » comme désignant une personne née sur le territoire français mais dont les origines sont africaines. Elles sont plus précisément de l’Afrique du Nord, généralement du Petit Maghreb, la Tunisie, Algérie et le Maroc. Une minorité de ceux qui répondent au nom de beur viennent également de Lybie, de Mauritanie et d’Egypte, soit le grand Maghreb.
La culture beur
L’utilisation du terme beur peut laisser entendre une marginalisation du groupe y répondant. On note effectivement une distinction entre les beurs et les autres individus de naissance française. Le groupe en question a créé un ensemble de comportements leur étant propre. Cette culture porte sur la manière de parler, de s’habiller et d’interagir avec leurs semblables. Cette soif de distinction porte également sur la littérature et l’art qui font d’eux une catégorie unique. Des auteurs pensent qu’à travers l’érection de tous ces signes qui les rendent si différents, les beurs veulent se faire reconnaître.
Le stéréotype de la beurette et définition
Nous comprendrons ici que le terme beurette est le féminin du mot Beur. Les beurettes, elles aussi, descendantes d’immigrants nord-africains sont, pour leur part, sujettes à de nombreux stéréotypes. En effet, les femmes répondant à cette appellation sont, pour plusieurs, assignées à un cadre familial et social caractérisé par la suprématie de l’homme. Ainsi, la société considère que cette catégorie de femme devrait être sauvée de sa condition précaire et d’un milieu rétrograde et machiste. Les stéréotypes dont elles sont sujettes portent par ailleurs sur leur apparence physique plein de sensualité. Beaucoup trouvent en effet qu’elles sont porteuses d’une forte charge érotique ce qui est à l’origine d’une manipulation perverse du terme beurette.
Dans les années 2000, le mot beurette est de plus en plus assimilé au monde de la pornographie avec, en partie, l’émergence de superstar de la pornographie issue de cette catégorie raciale, mais pas seulement. Il est vrai qu’en tapant le terme beurette dans un moteur de recherche les annonces qui apparaissent sont majoritairement celles de sites pornographiques. Ce simple aspect contribue grandement au renforcement du stéréotype au détriment d’une réelle compréhension et d’une appréciation juste de la culture beur en général. Avec la propagation de cette conception fausse, la Beurette est devenue, de fait, une catégorie sexuelle et s’insère dans la conception des femmes objets dont la seule image qui vienne à l’esprit est un corps pulpeux et dont les seules aptitudes sont celles de donner du plaisir sexuel.
Mais il apparaît que cette stigmatisation de la femme beur remonte à des temps plus lointains. Des recherches ont ainsi révélé que du temps colonial, ce fantasme de la femme arabe était fortement véhiculé. Aussi la représentait-on avec les seins nus, son corps sensuel et érotique exposé de telle sorte à faire d’elle un symbole de « la débauche orientale ». Selon les chercheurs, il s’agit là d’une stratégie tout droit sorti de l’imaginaire colonial qui, en dévoilant une imagerie ethnographique de femmes indigènes nues, veut vulgariser le sexe au sein des colonies. D’ailleurs, un essai du chercheur Nicolas Bancel, et des écrits de l’historienne Christelle Taraud nous révèle qu’« une semaine après la conquête d’Alger, la France réglemente la prostitution pour mettre en place un marché du sexe » contribue aussi à fixer durablement dans les esprits un « imaginaire érotico-violent » qui perdure dans les productions pornographiques contemporaine. Les sociologues Éric Fassin et Mathieu Trachman pour leur part voient dans cette réalité trois éléments majeurs véhiculé à travers le stéréotype à savoir la transgression religieuse par l’abandon de la religion et qui se reflète dans la représentation de la femme arabe sans son voile, voire dénudée. Le second élément porte sur la domination raciale tandis que le troisième porte sur la domination sociale.
Top 5 des personnes célèbres représentatif de la culture beur
La scène médiatique regorge de personnalités représentatives de la culture beure, néanmoins nous ne citerons ici que les cinq stars de la culture beur que nous considérons comme étant les plus populaires. Dans le monde du cinéma l’on peut par exemple Farida Belghoul ou Azouz Begag dont la renommée n’est plus à faire. Les beurs excellent également dans le domaine de l’humour et c’est le cas de Jamel Debbouze et dans le sport comme il en est de Zinédine Zidane et de Karim Benzema.
Conclusion
Etant de base un terme né d’un verlan, beur est actuellement reconnu comme étant un terme à art entière. Qualifiant de manière justifiée une catégorie sociale bine intégrée dans la grande société française, il est également porteur d’un lourd stéréotype affligeant plus particulièrement la gente féminine, les beurettes. Cela n’empêche qu’un bon nombre de stars, beur tirent à profit de leur appartenance à ce groupe. Quoiqu’il en soit, on ne peut ignorer le fait que cette appellation est dans certains cas, trop utilisé à tord et peut même laisser entendre une connotation raciste.